Amélie Oudéa-Castéra est la personne qu’on voit le plus dans les médias en France en ce moment ou presque.
Depuis sa nomination, la nouvelle ministre de l’Éducation enchaîne les polémiques et les controverses.
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Learn French with News.
Aujourd’hui, nous allons parler d’Amélie Oudéa-Castéra, qui est la nouvelle ministre de l’Éducation en France depuis janvier 2024.
Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler dans les médias de votre pays.
En revanche, si vous regardez des chaînes françaises, des talk-shows sur l’actualité ou encore que vous écoutez des émissions radio françaises, vous entendrez forcément parler d’elle à un moment ou un autre.
Aujourd’hui, je vous explique pourquoi cette ministre fait autant parler d’elle.
Dans cette vidéo, vous allez apprendre du vocabulaire sur la politique, sur l’éducation et sur les médias.
D’ailleurs, n’oubliez pas que vous pouvez télécharger la fiche de vocabulaire de cette vidéo en cliquant sur le lien dans la description.
Comme d’habitude, je vous demande de rester bienveillant dans les commentaires.
L’objectif n’est pas de se moquer de quelqu’un, mais de progresser en français, de travailler votre français avec un fait d’actualité.
Amélie Oudéa-Castéra a commencé son mandat avec un mensonge et depuis, les médias ne lui font pas de cadeaux et les journalistes enquêtent sur tous les recoins de sa vie.
Revenons d’abord un peu en arrière.
En mai 2022, elle est nommée ministre des Sports, des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques.
À ce poste, elle est assez discrète.
Elle ne fait pas beaucoup parler d’elle.
Et avant d’occuper cette fonction, elle était directrice générale de la Fédération française du tennis.
Dans sa jeunesse, elle était d’ailleurs joueuse de tennis à un niveau assez élevé.
Le 8 janvier 2024, Elisabeth Borne, la Première ministre, démissionne.
Emmanuel Macron, le président, va alors nommer un nouveau Premier ministre, Gabriel Attal.
Un remaniement ministériel.
Des changements dans le gouvernement ont alors lieu.
Gabriel Attal forme son gouvernement. Un remaniement, cela consiste à changer quelques portefeuilles ministériels.
Donc les thématiques sur lesquelles travaillent les ministres.
Des ministres vont quitter le gouvernement.
Des nouveaux vont être nommés et il y en a qui vont changer de poste.
Gabriel Attal annonce que ce sera un gouvernement resserré.
Ça signifie qu’il y aura moins de ministres que d’habitude.
C’est dans ce cadre qu’Amélie Oudéa-Castéra va se voir ajouter une fonction, celle de ministre de l’Éducation, en plus d’être ministre des Sports.
Cela fait donc à peu près un mois et demi qu’elle a été nommée.
Et en un mois et demi, il y a eu pas mal de polémiques et de controverses que nous allons voir maintenant.
Je les ai séparées en cinq points.
Premier point, une opposition entre l’école publique et l’école privée.
En France, vous pouvez choisir de mettre vos enfants dans des écoles d’État, des écoles publiques ou dans des écoles privées.
Dans les écoles publiques, ce sera gratuit et dans les écoles privées, vous allez devoir payer.
Rapidement, les médias vont révéler que la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de l’éducation publique scolarise ses trois enfants dans une école privée.
Certains n’y voient pas de problème, mais pour d’autres et pour certains médias, ça fait tache, en tant que ministre de l’Éducation, d’avoir ces enfants inscrits dans le privé.
Faire tache, ça signifie que ce n’est pas très cohérent.
Ses enfants sont scolarisés dans une école qui s’appelle Stanislas.
C’est un établissement catholique, huppé, et qui est connu pour être conservateur, même très conservateur.
Les médias lui ont demandé de se justifier, de justifier son choix, donc de mettre ses enfants dans le privé. Et elle va faire un discours qui ne va pas très bien passer, qui va être mal pris.
Elle va déclarer : “Je vais vous dire pourquoi nous avons scolarisé nos enfants à l’école Stanislas. Notre aîné, Vincent, a commencé comme sa maman à l’école publique, celle de Littré. Et puis la frustration de ses parents, mon mari et moi, qui avons vu un paquet d’heures qui n’était pas sérieusement remplacées.
Un paquet, ça signifie beaucoup.
A un moment, on en a eu marre, comme des parents de milliers de familles qui ont fait un choix d’aller chercher une solution différente.
On habitait rue Stanislas. Scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité.
Donc elle se justifie en disant qu’elle a dû changer son enfant d’école parce qu’il y avait trop d’absences des professeurs dans l’école publique où ils étaient.
Malheureusement pour elle, le journal Libération qui est un quotidien va faire des révélations.
Les journalistes ont enquêté et premièrement, ils ont découvert que son fils était à l’époque en maternelle, donc il avait trois ans.
Ensuite, il découvre qu’il y est resté à peine six mois, donc très peu de temps.
Et enfin qu’il n’y a jamais eu d’absences non remplacées dans cette école.
Et cela a notamment été confirmé par d’autres parents d’élèves de l’époque.
La ministre ne va pas vraiment reconnaître avoir menti, mais elle va dire que la vérité lui donne tort.
Ce qui signifie à peu près la même chose.
Elle va donc se rendre dans cette école pour s’excuser publiquement auprès des enseignants, donc auprès des professeurs.
Mais elle ne va pas être très bien accueillie.
Elle va être sifflée, elle va être huée.
Et ses propos vont surtout déclencher une polémique au niveau national sur la concurrence entre l’enseignement public, d’État, et l’enseignement privé.
Et le manque de mixité sociale, c’est à dire que dans les écoles privées, il y a plus de personnes qui viennent de familles aisées et donc il y a peu de mixité sociale, donc de mélange de personnes.
Des syndicats d’enseignants vont être choqués par ces propos et ils vont dénoncer une déstabilisation et un mépris de l’école publique.
Un mépris, ça signifie quand on prend quelqu’un ou quelque chose de haut, on dit que quelque chose ou que quelqu’un est moins bien.
Un des syndicats va même porter plainte contre elle pour diffamation sur les propos qu’elle a tenus sur l’enseignement public.
La deuxième polémique est directement liée à la première.
En fait, elle concerne directement l’école où elle a choisi de mettre ses enfants, Stanislas
Je vous disais plus tôt que c’était une école avec des valeurs très conservatrices.
D’ailleurs, les fils d’Amélie Oudéa-Castéra sont dans des classes non mixtes.
Ça signifie qu’ils sont dans des classes où il y a uniquement des garçons.
Les filles et les garçons ne sont pas mélangés et ça, c’est quelque chose de très rare en France.
En France, il y a 0,07 % des établissements qui proposent des classes non-mixtes.
À nouveau, pour certains et certaines, ça peut sembler faire un peu tache par rapport à son rôle, aux valeurs qu’elle doit véhiculer en tant que ministre de l’Éducation, puisque le code de l’Éducation donne mission à tous les établissements, publics comme privés, de favoriser la mixité et l’égalité hommes-femmes.
Suite à des premières révélations sur Stanislas qui avaient été faites par un média d’enquêtes d’investigations qui s’appelle Mediapart, une enquête administrative avait été ouverte, donc pour voir ce qui se passait véritablement dans cette école.
Un rapport de 30 pages rédigé par l’Inspection générale de l’Education nationale est sorti dans les médias il y a quelques semaines.
Dans ce rapport, on découvre que certaines pratiques de Stanislas, donc de l’école, sont contraires à la loi.
Les cours d’enseignement de la religion catholique y sont obligatoires, ce qui n’est pas conforme par rapport à la loi.
Ensuite, dans ce rapport, on découvre que dans certains cours, des intervenants ont tenu des discours homophobes, sexistes, anti-avortement ou encore des propos qui font la promotion des thérapies de conversion.
Donc les thérapies de conversion, ce sont des processus controversés qui ont pour but de changer l’orientation sexuelle de quelqu’un qui serait homosexuel par exemple.
On voudrait qu’il devienne hétérosexuel grâce à des thérapies.
Des documents qui datent de 2011 et qui étaient présents sur le site de l’école jusqu’à 2013, prouvent également que des cours homophobes sur l’homosexualité ont été donnés aux élèves.
Concernant l’avortement, des livrets ont été également distribués aux élèves où il est écrit que l’avortement signifie toujours tuer volontairement une personne humaine innocente.
Dans ce rapport, on voit que des propos sexistes étaient également tenus et que certains choix ou comportements de l’école ou des enseignants entretenaient les stéréotypes de genre.
Donc entre les filles et les garçons.
Même si Stanislas est une école privée, elle touche quand même malgré tout des subventions, de l’argent de l’État pour fonctionner.
Et elle touchait notamment de l’argent de la mairie de Paris.
Suite à toutes ces révélations, la mairie de Paris va immédiatement stopper ses subventions à l’école et c’était quand même des subventions qui étaient de 1,3 million d’euros.
Troisième controverse, à nouveau liée à cette école Stanislas, mais elle concerne un passe-droit qu’aurait eu le fils d’Amélie Oudéa-Castéra.
En France, si on souhaite intégrer une grande école ou une école de commerce, on peut faire ce qui s’appelle des classes préparatoires.
En général, les étudiants vont même raccourcir et dire des prépas ou une prépa.
Les étudiants vont intégrer une classe préparatoire à 18 ans et elle va durer deux ans.
Stanislas propose une classe préparatoire.
Pour intégrer une prépa, la prépa de son choix, il faut suivre un dispositif national qui est censé laisser l’opportunité à tout le monde d’intégrer la prépa de son choix.
Sauf que le 20 janvier 2024, Mediapart a révélé qu’un certain nombre d’élèves de Stanislas, dont un des fils d’Amélie Oudéa-Castéra, a bénéficié d’un passe-droit pour avoir accès à la classe préparatoire de Stanislas sans passer par ce processus national.
Vous vous en doutez, ça a une nouvelle fois fait polémique.
Quatrième controverse autour de la ministre de l’Éducation et elle concerne sa rémunération. Dans son précédent poste, quand elle était directrice générale de la Fédération française du tennis.
Cette information ne date pas de maintenant, mais l’information et des vidéos sont ressorties au vu de toute l’actualité qui entourait la ministre.
Pour être directrice générale de la Fédération française du tennis, elle touchait 500 000€ par an.
Pour vous donner une idée, le salaire annuel brut moyen en France est d’à peu près 39 000€.
Donc ici, on est à quasiment treize fois plus.
Mais ce qui a particulièrement choqué, c’est des propos qu’elle a tenus par rapport à cette rémunération pour la justifier.
Vous allez voir, elle s’exprime dans un français assez familier.
Si je rapporte ma rémunération actuelle au volume d’heures que chaque semaine je m’enfourne en bossant jour, nuit et week-ends, je ne suis pas bien payée.
Donc s’enfourner, c’est un mot en langage vraiment familier pour dire faire, les heures que je fais.
Et bosser, ça signifie travailler.
Elle va également déclarer qu’il n’y a pas d’argent du contribuable qui finit dans son salaire.
Donc les contribuables, ce sont les personnes qui payent leurs impôts en France.
Sauf que ce n’est pas vrai et elle va devoir démentir quelques heures plus tard, car la Fédération française du tennis touche des subventions de l’État et donc de l’argent des contribuables.
Et enfin, cinquième point qui fait controverse et polémique autour de cette ministre, elle concerne le sujet de la méritocratie et de l’entre-soi des élites.
Donc l’entre-soi des élites, ça signifie que les puissants restent toujours entre eux et sont un peu déconnectés de la réalité du terrain, de la réalité de la classe moyenne on peut dire.
En effet, ça a été révélé dans les médias que son père est le patron de Publicis.
Publicis, c’est une multinationale française dans le secteur de la publicité, donc c’est vraiment un très très gros poste, un poste très important.
Il a aussi été révélé qu’elle était la nièce d’un journaliste politique très connu en France qui s’appelle Alain Duhamel.
Et son mari, quant à lui, est l’ancien directeur de la Société Générale qui est une énorme banque en France.
Une de ses interventions récentes qui a été filmée, illustre parfaitement cette distance qu’il peut y avoir entre les citoyens lambda, donc les personnes comme vous et moi, et ce qu’on appelle les élites.
Elle rencontre des enfants d’une école publique et certains d’entre eux portent des baskets.
C’est un événement assez banal.
Il y a énormément d’enfants qui portent des baskets comme chaussures dans leur quotidien.
Mais elle, elle semble assez étonnée et elle va faire cette remarque.
Je remarque que trois d’entre vous portent des baskets.
Vous en avez profité pour bouger un peu dans la cour de récré ?
Et un des enfants va dire qu’il ne comprend pas, que c’est tout simplement les chaussures qu’il met tous les jours.
Et le Premier ministre à côté va insister en demandant s’ils ont eu cours de sport et que c’est pour ça qu’ils portent des baskets.
Donc évidemment, beaucoup de médias ou des chroniqueurs vont rigoler de cette séquence.
Notamment dans l’émission Quotidien qui décrypte l’actualité de manière un peu décalée, où ils vont se moquer d’elle en disant “mon Dieu, les enfants dans le public portent des baskets.”
Et d’ailleurs, ils vont également lire à l’antenne une partie du règlement de Stanislas où on comprend pourquoi elle est étonnée.
C’est parce que les baskets sont interdites au quotidien dans cette école, seules les chaussures de ville en cuir sont autorisées.
Les polémiques se sont donc enchaînées pour Amélie Oudéa-Castéra, et elles cristallisent énormément de tensions parmi les enseignants de l’école publique.
Jeudi 1ᵉʳ février, 1 enseignant sur 5 était d’ailleurs en grève en France, à l’initiative de différents syndicats enseignants, dont certains demandent la démission de la ministre de l’Éducation.
Le vendredi 2 février, sur TF1, donc une grande chaîne nationale, elle a cependant affirmé qu’elle ne comptait pas démissionner.
Voilà, c’est terminé pour aujourd’hui.
J’espère que cette actualité vous a plu, que vous avez pu apprendre du vocabulaire sur l’éducation, la politique, les médias au travers d’un sujet qui vous a intéressé.
N’oubliez pas que vous pouvez télécharger gratuitement la fiche qui reprend le vocabulaire de cette vidéo.
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