Transcription

En septembre 1999, le médecin français Yves Godard, sa femme et leurs deux enfants, disparaissent mystérieusement.

Le père et ses enfants auraient été aperçus pour la dernière fois sur un voilier au large de la Bretagne.

Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Learn French with News spécial crime.

Aujourd’hui, nous allons parler d’une mystérieuse affaire criminelle française.

C’est l’une des plus grandes énigmes judiciaires de ces dernières années.

Une énigme, ça signifie qu’on n’a pas encore toutes les clés de cette histoire.

Je sais que vous êtes nombreux et nombreuses à aimer pratiquer le français, à aimer apprendre des nouveaux mots et des nouvelles expressions grâce à ce type d’histoire.

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Je l’affiche à l’écran.

Commençons par le déroulement des faits.

En septembre 1999, Yves Godard a 44 ans.

Il est médecin et acupuncteur.

Acupuncteur, ça signifie qu’il pratique une médecine chinoise qui consiste à poser des aiguilles sur le corps de ses patients pour les soulager de douleur.

Le lundi 30 août 1999, il va recevoir pour la dernière fois des patients à son cabinet qui est situé à Caen.

Le lendemain, il annule tous ses rendez-vous, il annule toutes ses consultations.

Il va faire quelques tâches administratives comme trier des papiers.

Il va ensuite emmener ses deux enfants, Camille, une petite fille âgée de quatre ans, et Marius, son fils qui a six ans, pêcher aux étangs de Planquery, à environ 40 kilomètres de Caen.

Pêcher, c’est quand on attrape des poissons dans l’eau et un étang, c’est une étendue d’eau.

Le 1ᵉʳ septembre, donc deux jours plus tard, il va louer un voilier, un bateau à voile, à Saint-Malo.

Saint-Malo, c’est une ville en Bretagne.

Ce bateau s’appelle le Nick.

Il va donc quitter le port, l’endroit où il y a tous les bateaux, le 1ᵉʳ septembre, avec ses deux enfants à bord.

Sa femme n’est pas présente, elle ne fait pas partie du voyage.

Il dit au loueur, à la personne qui lui loue le Nick, le voilier, qu’il prévoit une petite croisière de quelques jours le long de la côte et qu’il va jusqu’à une ville qui s’appelle Perros-Guirec.

Il lui dit que le retour est prévu le 5 septembre.

Le 2 septembre, le lendemain, le bateau va être contrôlé par les douanes entre le Cap d’Erquy et le Cap Fréhel.

La douane, c’est l’autorité de l’État qui est chargée du contrôle aux frontières.

Les douaniers vont simplement faire un contrôle de routine, donc ça signifie un contrôle classique. Ils ne cherchent pas forcément quelque chose.

Yves Godard utilise le moteur du bateau et cela va interpeller un des douaniers.

Il va se poser des questions car il y a suffisamment de vent pour pouvoir utiliser les voiles. Il va donc appeler le loueur pour faire quelques vérifications.

Le voilier va ensuite reprendre sa route tranquillement et il va rester quelques jours entre Plouha et Plouézec, le long de la côte.

Très exactement, il va être à Brehec.

À priori, il va rester dans cette zone entre le 2 et le 5 septembre, selon des témoignages.

Donc des personnes ont témoigné, se sont souvenues avoir vu le voilier.

Il y a notamment le témoignage d’une vendeuse de gaufres du port (les gaufres, ce sont des pâtisseries qu’on achète généralement chaudes) qui se souvient que le médecin est venu avec ses deux enfants pour lui acheter des gaufres.

On peut dire qu’elle a formellement identifié le père et les enfants.

Quand on dit formellement, ça signifie qu’elle est sûre d’elle.

Le 5 septembre, un chalutier, c’est un bateau de pêcheurs, va tomber sur une annexe du Nick.

Une annexe, c’est un petit bateau qui était accroché au voilier. Et dans ce bateau, on va retrouver deux choses: un blouson, donc une veste, et un chéquier au nom d’Yves Godard.

Les gendarmes vont alors ouvrir une enquête pour disparition inquiétante.

Quelques jours plus tard, il n’est toujours pas de retour avec ses enfants à Saint-Malo pour rendre le voilier qu’il a loué.

On est le 7 septembre.

Les gendarmes vont alors se rendre sur place à Saint-Malo et ils vont aller voir sa voiture.

Et dans sa voiture, ils vont trouver des traces de sang et des doses de morphine.

La morphine, c’est un médicament, c’est un antidouleur très puissant.

Suite à cette découverte, après cette découverte, les enquêteurs, les gendarmes vont se rendre au domicile de la famille et là-bas, ils vont trouver à nouveau des traces de sang en grande quantité dans la chambre du couple, dans la salle de bain, mais également dans le salon.

Ce sang va être analysé et on va découvrir qu’il appartient à la mère de famille, à l’épouse d’Yves Godard.

Yves Godard devient alors le principal suspect dans cette affaire et le principal suspect dans l’assassinat potentiel de son épouse, de sa femme.

Un avis de recherche pour homicide volontaire est alors lancé par Interpol.

Concernant sa femme, personne ne l’avait d’ailleurs vue, personne ne l’avait aperçue depuis le 31 août 1999, donc quelques jours plus tôt.

Dans les jours et dans les mois qui vont suivre, des affaires qui appartiennent à la famille, à Yves Godard ou qui sont liées au Nick, au voilier qui a été loué, vont petit à petit réapparaître dans différents endroits.

Le 16 septembre, donc 15 jours après le départ en mer, un des gilets de sauvetage du Nick va être retrouvé au large de Cherbourg.

C’est une ville à nouveau en Bretagne.

Le 23 septembre, donc à peine quelques jours plus tard, c’est cette fois le bateau de secours. C’est un bateau gonflable, pneumatique, qui va être retrouvé, mais ici, au sud de l’Angleterre.

On le retrouve à moitié dégonflé sur une plage dans la baie de Lyme.

Par rapport à ce radeau, à ce petit bateau, il y a deux choses qui vont être très étonnantes qui vont interpeller les enquêteurs.

La première, c’est que le toit en toile de l’embarcation a été découpé.

Ensuite, le dispositif de gonflage de l’embarcation a été arraché.

C’est un dispositif qui est assez important, car sans lui, le bateau ne peut pas tenir plus de 72 heures sans complètement se dégonfler.

Ensuite, chose étonnante, dans ces deux découvertes, à la fois du gilet de sauvetage et de l’embarcation de secours, des experts vont intervenir et dire que c’est impossible que ces deux objets se soient retrouvés aux endroits où ils ont été découverts de manière naturelle.

Ce n’est pas possible que les courants les aient emmenés à des points aussi opposés.

La conclusion, c’est qu’ils ont forcément été éparpillés, dispersés par quelqu’un, donc que ce serait un acte volontaire.

Ça va donc semer beaucoup de doute comme s’il s’agissait d’une mise en scène.

En janvier 2000, soit quatre mois après la disparition en mer, c’est cette fois un sac qui va être récupéré par des pêcheurs.

À l’intérieur de ce sac, on trouve différents effets personnels de la famille, des objets qui leur appartiennent.

On va y trouver des vêtements, les permis de conduire d’Yves Godard et de sa femme, les cartes grises de leur véhicule, des chéquiers, le contenu entier du sac à main de Marie-France Godard, de la mère de famille.

Également, on va retrouver un marteau et des jumelles.

Six mois plus tard, au mois de juin, presque un an après le début de cette affaire, des pêcheurs vont pêcher, vont retrouver un crâne.

Ce crâne va être analysé et on va découvrir qu’il s’agit du crâne de Camille, la fille de la famille.

Pour rappel, à ce stade, on a uniquement retrouvé Camille.

On n’a toujours aucune trace de Marie-France, d’Yves Godard et de Marius, le fils de la famille.

Le 11 février 2001, la carte professionnelle du médecin, d’Yves Godard, va être retrouvée par un promeneur sur une plage, sur l’archipel des Ébihens.

Un archipel, c’est un ensemble d’îles.

Quelques jours plus tard, sur cette même plage, c’est sa carte bancaire qui est cette fois-ci retrouvée.

Deux, trois mois plus tard, à nouveau sur la même plage, quelqu’un va trouver par hasard une autre carte bancaire, une carte de crédit, à nouveau au nom d’Yves Godard.

Ça commence à faire beaucoup pour les enquêteurs.

Les gendarmes vont alors lancer des fouilles approfondies de cette plage, mais également dans la mer autour pour essayer de retrouver l’épave du voilier qui n’est toujours pas réapparu non plus.

L’épave, c’est la carcasse, les restes.

Le 3 juin, une nouvelle carte bancaire au nom d’Yves Godard va être retrouvée, cette fois par un plongeur.

À ce stade, les enquêteurs en sont persuadés.

Yves Godard a dû faire un arrêt par cette plage pour se débarrasser, pour jeter son portefeuille.

Des nouvelles fouilles vont donc être organisées, mais on ne va rien trouver.

Pourtant, fin juillet de la même année, une cinquième carte au nom d’Yves Godard va être retrouvée encore sur cette même plage.

Écoutez bien la suite, car c’est là que ça devient vraiment intéressant.

Ces cartes, elles vont être expertisées, elles vont être analysées par un laboratoire.

Et d’après ces experts, ces cartes, elles sont quasiment en parfait état.

Elles ont donc dû séjourner, rester très peu de temps dans la mer.

Et donc, pour les experts, c’est impossible qu’elles aient été jetées en septembre 1999.

Elles ne seraient pas dans un si bon état.

Et surtout, je vous rappelle qu’on ne les a pas toutes trouvées en même temps.

Donc certaines auraient dû être un peu plus endommagées que d’autres.

Une théorie, une hypothèse émerge alors.

Quelqu’un viendrait déposer ses cartes au compte-goutte, une à une, dans le dos des enquêteurs et des journalistes qui travaillent sur l’affaire.

Mais qui pourrait être cette personne ?

Yves Godard lui-même ?

Un complice ?

Ou encore le meurtrier de la famille qui serait quelqu’un d’autre qu’Yves Godard.

On reviendra d’ailleurs sur cette théorie d’un meurtre commandité un peu plus tard dans la vidéo.

L’objectif de déposer les cartes une fois de temps en temps serait de faire croire à la théorie d’un accident, d’un naufrage.

Malgré tout, jusqu’en 2006, la théorie qui restait privilégiée était la suivante : le médecin aurait tué sa femme et ses deux enfants, il aurait ensuite pris la fuite pour échapper à la justice et il se cacherait quelque part dans le monde.

Cette hypothèse va cependant être mise à mal.

Des éléments vont donner tort à cette théorie, car en septembre 2006, des marins vont retrouver des os, un tibia et un fémur dans leur filet.

Et après une analyse, il va s’avérer que ces ossements appartiennent à Yves Godard.

À ce stade, en septembre 2006, on sait que le médecin est bel et bien mort.

Désormais, les enquêteurs vont privilégier la théorie, la piste d’un suicide collectif organisé par Yves Godard, qui aurait tué sa femme, ses enfants et qui se serait ensuite ôté la vie, qui se serait suicidé.

Cependant, l’affaire n’est pas complètement clôturée à ce stade, mais elle piétine, elle n’avance pas.

En 2008, donc le 14 décembre 2008, un nouvel événement assez intrigant va se produire.

Presque 10 ans après la mystérieuse disparition, une nouvelle carte va réapparaître, cette fois la carte de mutuelle d’Yves Godard.

Et je vous le donne en mille, à nouveau, elle va réapparaître sur cette même plage où sont réapparus toutes les cartes précédentes.

Et comme les précédentes cartes, elle va être dans un très bon état.

Et ce qui est également très curieux, c’est que cette carte, elle a été découverte deux jours après une conférence de presse donnée à Saint-Malo par le procureur de la République qui expliquait que les investigations se terminaient et que l’affaire allait être clôturée.

C’est assez intrigant.

Je vous le disais donc, c’est la piste du suicide collectif déguisé en naufrage qui reste privilégiée, mais une autre piste, une autre théorie a également émergé et est également sortie.

Cependant, elle n’a rien donné.

C’est celle d’un assassinat commandité de la famille qui aurait naturellement été déguisé en accident.

Mais d’où vient exactement cette hypothèse ?

En réalité, elle est liée à d’autres morts, dont un assassinat assez suspect.

Yves Godard était un membre très actif d’un syndicat.

D’un syndicat de défense des commerçants et des artisans.

Et ce syndicat, il dénonçait notamment le poids du système fiscal et des cotisations sociales en France.

D’ailleurs, ce syndicat avait déjà été épinglé par le passé pour des placements offshore, donc pour de l’évasion fiscale.

En 2001, deux ans après la disparition d’Yves Godard et de sa famille, le patron de ce syndicat a été tué par balle, de sept balles à bout portant, donc très proche.

Ce crime reste non élucidé.

Une autre mort suspecte, quelques mois plus tôt, d’un des dirigeants de ce syndicat, pose question également.

Cette fois, il s’agit d’un crash d’avion.

Bien qu’il n’y ait pas de preuve entre ces trois affaires, à part que ces trois personnes sont effectivement liées au syndicat, un journaliste qui s’appelle Éric Lemasson, va émettre une hypothèse d’une piste financière, voire mafieuse, au sujet de cette affaire Godard, en s’appuyant sur le lien qu’il pourrait y avoir entre ces assassinats.

Donc, selon ce journaliste, il y aurait cette théorie selon laquelle ce serait lié à de l’argent, à des placements faits sur des comptes à l’étranger.

Mais comme je vous le disais, cette piste, elle n’a rien donné.

En septembre 2012, un non-lieu va finalement être rendu par la justice par manque d’éléments.

Donc, ça signifie que le juge décide d’abandonner la procédure puisqu’on n’a pas assez d’informations pour pouvoir continuer.

On n’a pas assez de nouveaux éléments pour pouvoir continuer à enquêter, tout simplement.

Je vous le disais plus tôt, le corps de la mère et du fils n’ont jamais été retrouvés, mais malgré tout, en 2015, ils ont été déclarés morts par la justice française.

Le mystère reste lui aussi complètement entier concernant cette affaire.

Que s’est-il véritablement passé ? Malgré le fait que la justice ait abandonné la procédure, les nouvelles règles de prescription permettent de rouvrir le cas jusqu’en 2032.

Bien sûr, réouvrir le cas uniquement s’il y a des nouveaux éléments qui sont assez probants, des éléments qui donnent des nouvelles pistes.

Il nous reste encore quelques petites années pour peut-être percer ce mystère.

Merci d’avoir écouté cette histoire jusqu’au bout.

J’espère que ça vous a plu, que ça vous a permis d’apprendre des nouvelles expressions, des nouveaux mots en français.

N’oubliez pas que vous pouvez télécharger la fiche pour les réviser.

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Je vous dis à bientôt.